Conférence Faculté de médecine, Allées Jules Guesde, Toulouse, 9 juin, 17h30

« La douleur : vécu et expérience»

David le Breton, Professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg, Membre de l’institut universitaire de France, Membre de l’Institut des études avancées de l’Université de Strasbourg.

La douleur est marquée par l’appartenance sociale et culturelle de l’individu et ce qu’il en fait. Au-delà, toute douleur transforme en profondeur pour le meilleur ou pour le pire l’homme qui en est frappé. Mais seules les circonstances qui l’enveloppent lui donnent sens en provoquant une somme plus ou moins grande de souffrance. Dans le contexte de la maladie, de l’accident ou d’une douleur rebelle, l’expérience est presque toujours celle d’une mutilation. L’individu est changé, surtout diminué, réduit à l’ombre de lui-même. Il n’est plus le même et sa peine est intense. Pourtant, même dans ces circonstances où la souffrance déborde la douleur, la question du sens introduit une modulation due à la qualité de l’entourage, aux appartenances sociales, culturelles, aux singularités personnelles, à l’image de techniques du corps qui permettent d’exercer un contrôle du ressenti (relaxation, imagerie mentale, hypnose, autohypnose…) Une douleur choisie et contrôlée par une discipline personnelle dans un but de révélation de soi (sport, body art, suspensions, réalisation d’un tatouage, pose d’un piercing, etc…) ne contient qu’une parcelle dérisoire de souffrance, même si elle fait mal. Il reste à assumer une pénibilité supportable.