Evénement le 19/09/2018

Catégorie : ConférencesDébatsEvénements

Lieu : Montpellier

Lieu : Montpellier, Nouvelle Faculté de Médecine, Ampithéatre Rabelais

Conférence débat autour de Pierre Le Coz

« Avoir du tact, c’est toucher sans toucher. »[1] 

Tact du regard, tact de la main, tact des mots… Au travers des paroles et des gestes échangés, c’est par une attitude nuancée d’attention et de soutienque se traduit le tact.

Phénomène moral d’adaptation à ce qu’exige la situation d’intimité imposée  en situation clinique, il est indispensable pour rendre supportable ce moment de passivité souvent subi comme une violence intrusive par le patient. Dans la relation de soin, le tact procède d’une conscience aiguë de la vulnérabilité de la personne malade et de la singularité de l’échange.

Le discernement, ce « savoir juger », lui est également consubstantiel. Indissociable du savoir-faire, il permet une perception fine de la complexité de la situation et de ses aspects pertinents.

C’est donc àun double niveau que s’exerce le tact dans la pratique quotidienne du care : sensoriel et sensible. Il renvoie d’abord – étymologiquement – au sens du toucher, le seul des cinq sens à être réciproque. Délicatesse du geste qui prend en compte la sensibilité de l’autre en ménageant sa pudeur, menacée en contexte hospitalier. Délicatesse dans l’échange émotionnel aussi, le tact est affaire de perception plus que d’idée, de connaissance intuitive.

L’empathie permet d’enclencher ce mécanisme d’ajustement immédiat des gestes et de la parole à la personne qui fait l’objet d’attention. En cela, le tact possède une dimension éthique, c’est une vertu. Robert Audi évoque à cet égard un « devoir de manières »[2] qui s’ajoute aux principes éthiques fondamentaux.


[1] La pudeur, Eric Fiat (Plon/France culture, 2016)

[2] The good in the right, Robert Audi (Princeton University Press)