Jacques Bringer, président du Conseil d’orientation ERE Occitanie
Le consumérisme et le gaspillage en soins ont des conséquences lourdes :
- Sanitaires : iatrogénie, difficultés d’accès aux soins…
- Sociales : inéquités…
- Écologiques : impact environnemental.
- Économiques : soutenabilité, impact sur les salaires…
Ils s’opposent à la préservation du bien commun qu’est l’équité solidaire pour atténuer les inégalités en santé.
La sobriété en santé, à l’opposé de la privation, est un mode d’exercice médical et soignant et de consommation en soins qui privilégie la pertinence et la qualité à la quantité.
La société du « toujours plus » interroge la soutenabilité collective d’autant que le « toujours plus » n’est pas le « toujours mieux ». La sobriété prône la juste consommation en soins et s’oppose à la gabegie (qui est juste de consommer plus).
L’égalité peut être inéquitable par la confusion des priorités entre la prise en charge des soins pour maladie et celle visant le bien-être et les aspirations sociétales. Cela créé un flou de la frontière entre d’une part, la nécessaire solidarité équitable envers les personnes malades, vulnérables, handicapées et d’autre part, l’injonction de couvrir les demandes sociétales infinies pour convenance personnelle.
Paradoxes et risques d’un message de sobriété en soins qui ne peut être reçu et appliqué par tous
Comment défendre la sobriété en soins alors que nombre de personnes n’ont pas accès aux soins ou subissent des attentes préjudiciables à leur santé ? (Inégalités territoriales).
Comment les plus précaires, les plus vulnérables, les plus défavorisés, peuvent recevoir le message d’une sobriété en soins ?
On souhaite d’un côté contrôler les dépenses en santé mais, de l’autre, on alerte sur la baisse de fréquentation des secteurs MCO dans les hôpitaux, voyant là une perte de chance et une augmentation du risque pour les patients atteints de maladies chroniques.
Un risque d’incompréhension existe dans un contexte de pénurie de certains médicaments courants.
Un risque de mésinterprétation comme un appel à restreindre et à se restreindre alors que le vieillissement s’accroît, les maladies chroniques augmentent et les inégalités sociales se développent.
Les enjeux d’une sobriété en soins bien comprise
Pour prioriser un juste soin à moindres risques (balance bénéfices-risques de la prescription des traitements, produits toxiques en imageries répétées et examens invasifs en visant la prévention des excès et des mésusages (moindre ou dé-prescription).
Pour faciliter et accélérer l’accès à l’innovation.
Afin de prendre en compte les enjeux environnementaux de la filière du médicament et de l’utilisation des biotechnologies et du numérique : empreinte carbone (production de déchets, DM à usage unique ou de courte durée).
La sobriété est une démarche éthique en ce qu’elle privilégie…
- L’Autonomie : l’information/éducation de patients-usagers responsables et autonomes
- La bienfaisance = pertinence des indications et de la mobilisation des moyens
- La prévention de nuisances individuelles (iatrogènes…) et collectives (confusion des priorités…)
- L’équité solidaire face à l’individualisme.
- La formation et l’incitation des professionnels à une sobriété assumée (vs prescription réflexe) : respect des fiches pertinence de bonnes pratiques cliniques mais aussi de bonne gestion administrative facilitatrice par contractualisation, fédérative et non confinée à une hyper administration de contrôle.
- La contribution à la soutenabilité financière pour la préservation de ce bien commun.