Publié le 28/06/2021

AUTEUR : Jacques Bringer est Professeur Emérite de l’Université de Montpellier, Doyen Honoraire de la Faculté de Médecine de Montpellier, Président du Comité d’Ethique de l’Académie Nationale de Médecine

RESUME : Le déploiement de la télémédecine et de ses déclinaisons en téléconsultation, télé-expertise, télésurveillance, avec l’aide des dispositifs médicaux connectés s’accompagne d’une profonde mutation de la relation patient-soignant impliquant une formation spécifique afin de concilier nouvelles technologies et humanité des soins. Les algorithmes vont déposséder les professionnels de santé de nombreuses tâches. Le biologiste aujourd’hui, le radiologue demain, voient la lecture automatisée être capable d’augmenter, voire de substituer en partie leurs compétences. Le traitement des données par ordinateur a déjà montré des résultats égaux, voire supérieurs à l’apport des interventions humaines de spécialistes : tel est le cas en imagerie, cardiologie, dermatologie, ophtalmologie, cancérologie et même psychiatrie. Le médecin doit apprendre à utiliser l’intelligence numérique afin de se dégager des tâches automatiques, mécanisables, qui peuvent être sous traitées. Le gain de temps pourrait alors permettre aux médecins et soignants de se concentrer sur ce qui fait l’essence même de leur fonction : décoder, avec la vigilance et le discernement requis, les recommandations des algorithmes et les rendre intelligibles pour le malade et ses proches, annoncer avec tact, préserver un contact avec la pudeur nécessaire, accompagner, moduler les actions de soins et les traitements en fonction de l’aptitude, de l’expérience partagée, des émotions et de la réaction du patient dans le contexte de son environnement affectif et sociétal.