Publié le 17/01/2022 par M.Clanet

Que peut-on se souhaiter à l’orée d’une nouvelle année dans une société bousculée par les interminables mutations d’un virus qui épuise l’alphabet grec ? Dans une collectivité crispée par l’itération de contraintes qui dévoilent et exacerbent ses fractures, abreuvée d’informations angoissantes et de prévisions contradictoires, heurtée par des manigances politiciennes qui radicalisent les débats pour un enjeu exclusivement électoral ?

Deux phrases extraites de cet excellent ouvrage « Noise » du prix Nobel d’économie Daniel Kahneman : « dès lors qu’il y a prévision, il y a ignorance, et plus qu’on ne l’imagine » et aussi : « avons-nous vérifié que les experts en qui nous plaçons notre confiance sont plus précis que des chimpanzés qui jouent aux fléchettes ? »

Que souhaiter ici ? L’exhalaison d’un parfum d’éthique dans l’atmosphère sociale, comme un effluve de fleurs d’aubépine annonce le renouveau d’une nature immobilisée et meurtrie par l’obstination d’un hiver interminable. Et que notre effort collectif au sein de l’ERE Occitanie puisse contribuer à favoriser l’échange d’idées autour de l’éthique de la vie et de la santé dans un dialogue ouvert et respectueux des valeurs qui la fondent.

L’actualité met en avant vaccinations, vaccinés et non vaccinés et les dilemmes éthiques corollaires auxquels sont confrontés les soignants dans un système de soins en tension chronique. Les prochains éditoriaux de l’ERE O traiteront des droits fondamentaux et des droits et devoirs des non vaccinés.

J’aimerais attirer l’attention sur l’équité d’accès aux traitements, sujet moins évoqué : les greffés d’organes traités par immunosuppresseurs, les personnes atteintes de maladies avec altération de l’immunité, liée à la maladie ou à ses traitements, n’obtiennent pas une protection vaccinale après 3, voire 4 rappels. Malgré leur vaccination ces personnes, finalement identiques aux non vaccinés, constituent un groupe à haut risque d’une Covid 19 grave. Des médicaments qui restaurent une immunité vis-à-vis du virus par l’apport d’anticorps sont actuellement disponibles. L’expérience montre qu’un faible nombre de personnes éligibles à ces traitements en ont bénéficié, soit par limitation de doses disponibles, soit par manque d’informations des médecins, soit par difficulté logistique d’administration. La prochaine introduction de médicaments antiviraux actifs va également soulever cette problématique de l’accès du traitement pour les populations à risque. Soignants et usagers, il est de notre devoir d’attirer votre attention sur ce sujet.

Et pour tous une bonne année 2022, donc imprévue !